Peter THOMAS (1925-2020)

Eléments biographiques:

Peter Thomas est un compositeur/arrangeur allemand né à Breslau en Silésie le 1er décembre 1925 et mort le 17 mai 2020 à Lugano en Suisse.

Peter Thomas a, tout au long de sa longue carrière, composé des musiques pour des centaines de films et de séries télévisées. Son œuvre la plus connue du grand public est sans doute la bande originale du feuilleton de science-fiction Raumpatrouille qui a d'ailleurs bénéficié d'une sortie sur disque. Il a aussi composé des musiques pour un film avec Bruce Lee intitulé The Big Boss. Il également composé beaucoup de musiques, et pas des moins fameuses pour la série télévisée Jerry Cotton. Peter Thomas est aussi l'auteur de nombreuses pièces musicales pour des productions érotiques. Il est l'un des premiers à faire chanter Donna Summer en lui écrivant l'un de ses premiers singles Black Power en 1969.

Raumpatrouille - version "live":



Version originale:

Commando spatial - La Fantastique Aventure du vaisseau Orion (Raumpatrouille - Die phantastischen Abenteuer des Raumschiffes Orion) est une série télévisée ouest-allemande en sept épisodes en noir et blanc de 60 minutes, créée par Rolf Honold et W.G Larsen, Adaptation de René Barjavel et diffusée du 17 septembre au 10 décembre 1966 sur le réseau ARD.

Synopsis: En l'an 3000, il n'y a plus qu'une seule nation sur Terre dont le gouvernement mondial est installé sous la mer. Le vaisseau Orion, appartenant à la patrouille de surveillance spatiale, est chargé de combattre les dangers venus de l'espace, et particulièrement les Frogs, une espèce extraterrestre désireuse d'envahir la planète.



Je n'ai jamais vu cette série, sans doute trop jeune lors de sa diffusion sur le petit écran, ai seulement découvert la bande originale dans le milieu des années 1990. J'ai immédiatement été séduit par le swing du thème principal, par des constructions rythmiques et une palette sonore souvent inspirées du jazz auxquelles Peter thomas mêle une fantaisie qui lui est propre, un usage insolite des voix et des sonorités burlesques, parfois humoristiques. Les couleurs instrumentales avec flûte dominante peuvent parfois amener des atmosphères curieuses, particulières, fortement attrayantes. Ces fantaisies musicales sont incontestablement marquées par leur époque, un charme vaguement suranné qui continue d'avoir son effet sur moi aujourd'hui encore, comme si l'épreuve du temps avec ses différentes tendances rythmiques et sonores qui, depuis, ponctuent la musique légère n'arrivait pas à rendre obsolètes des agitations musicales riches en énergies positives et communicatives.

Les Chariots des Dieux - titre allemand: Erinnerungen an die Zukunft - est un film documentaire ouest-allemand de 1970 réalisé par Harald Reinl. Il est librement adapté du fameux livre d'Erich von Däniken; Les Chariots des Dieux? , un livre pseudo-scientifique qui théorise que les extraterrestres ont eu un impact sur la vie humaine et son évolution. Le film a été nominé pour l' Oscar du meilleur long métrage documentaire.

Synopsis: Le film commence par présenter les cultes du cargo établis par les autochtones du Pacifique Sud après avoir été en contact avec des avions américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Il affirme qu’il est probable que toutes les religions aient commencé de la même manière. Le spectateur se voit ensuite présenter divers textes, architectures et œuvres d'art anciens. Certains d'entre eux incluent la Bible , les pyramides , l' épopée de Gilgamesh et les lignes de Nazca.



Le film a été réédité et doublé en anglais par Sunn Classic Pictures pour une sortie aux États-Unis en 1973. La sortie américaine de Chariots of Gods a rapporté 25 948 300 $. Le critique de cinéma Phil Hall a déclaré: "Ils ne font plus de films comme celui-ci, et nous devrions en être heureux." Le film a été critiqué pour le manque de preuves scientifiques. L'anthropologue Robert Ardrey l'a qualifié de science-fiction.

Toujours est-il que la musique que Peter Thomas composa pour ce documentaire pseudo-scientifique est superbe, peut-être la meilleure de toute sa carrière. Elle donne lieu à un album magnifique d'une durée de 35 minutes environ, divisé en deux parties; Erinnerungen an die Zukunft et Zurück zu den Sternen. une pop instrumentale typique des années 1970 porteuse de mélodies entraînantes, gracieuses, et agrémentées de sonorités électroniques inattendues qui conservent une certaine fraîcheur malgré un contexte sonore et rythmique marqué par son temps. Vive la musique dans tous ses états!

Dernièrement, j'ai réécouté une compilation qui intègre des extraits d'adaptations cinématographiques ouest-allemandes des romans d'Edgar Wallace:

Le Défi du Maltais, réalisé par Alfred Vohrer et sorti en 1964.



Le Moine inquiétant/Le Moine au masque noir, réalisé par Harald Reinl et sorti en 1965.

La Vengeance du Scorpion d'or, réalisé par Alfred Vohrer et sorti en 1968.

La Morte de la Tamise, réalisé par Harald Philipp et sorti en 1971.

L'Homme à l'oeil de verre, réalisé par Alfred Vohrer et sorti en 1969. Le personnage principal est tenu par Horst Tappert, connu en France pour avoir interprété Derrick.



L'Enigme du Serpent noir, réalisé par Alfred Vohrer et sorti en 1963.

La Serrure aux treize secrets, réalisé par Franz Josef Gottlieb et sorti en 1964.

Le Château des chiens hurlants, réalisé par Alfred Vohrer et sorti en 1968.

Le Bossu de Londres, réalisé par Alfred Vohrer et sorti en 1966.

Puis, aujourd'hui, j'ai réécouté une autre compilation de Peter Thomas intitulée Kriminal Filmmusik dans laquelle je retrouve certains titres de la précédente compilation: Film Musik: Edgar Wallace und Jerry Cotton, mentionnée plus haut. Se rajoutent à eux des extraits de:

L'étrange comtesse, réalisé par Josef von Báky, Ottokar Runze et Jürgen Roland, sorti en 1961.

Das Verrätertor, réalisé par Freddie Francis et sorti en 1964.

La Planque, réalisé par Cyril Frankel et sorti en 1966.

L'Attaque du Fourgon postal, réalisé par Harald Reinl et sorti en 1964.

Le Foulard indien, réalisé par Alfred Vohrer et sorti en 1963.

L'Orchidée rouge, réalisé par Helmuth Ashley et sorti en 1962.

L'Araignée blanche, réalisé par Harald Reinl et sorti en 1963.

Ce sont des musiques pour petites formations instrumentales empruntant parfois la voix humaine, pas toujours de manière orthodoxe, souvent avec ce grain de folie propre au style de Peter Thomas dont la source d'inspiration la plus évidente est le jazz.

Peter Thomas, un compositeur joyeux en deux compilations:

The Erotic World...

Une note enthousiaste: ejoignez Peter Thomas et son orchestre pour un voyage dans le monde érotique des bandes originales allemandes des années 1960 et 1970. Découvrez des pépites vocales interprétées par Daisy Door, Eric Brodka, James Darvin, Mike Redford, Kerry Hallam, Sunny & Joel et d'autres voix soul.

Une compilation très plaisante, d'un caractère lounge, avec de la fantaisie, de la sensualité, de la fougue et de la douceur.

Twenty Easy Listening Classics:

il s'agit d'un des albums très jazzy dans l'ensemble, qui remue quasi constamment, mais un jazz non conventionnel, un jazz largement perverti par les excentricités et les fantaisies qui caractérisent le style très reconnaissable du compositeur. J'y retrouve plusieurs extraits que je possède sur d'autres albums, dont le thème principal de Raumpatrouille et celui de Der Hexer, une des adaptations cinématographiques ouest-allemandes des romans d'Edgar Wallace qui figure déjà sur mon album Kriminal Film musik. C'est vraiment un album qui vaut pour sa tonicité, sans doute à réécouter de préférence le matin afin de commencer sa journée sur le bon pied et d'excellente humeur. Il y a quelque-chose de très joueur, de "très enfant", de "collégien" dans l'approche musicale de Peter thomas, de "très rieur" - pas sûr de trouver le terme qui convient pour décrire ce que je ressens. En tout cas, je ressens à travers sa musique, de manière générale, une jubilation du compositeur, un profond sens de l'amusement, un sens marqué de l'humour et de la dérision. Même sur les thrillers (Edgar Wallace) qu'il marqua de sa prose sonore, sa musique n'est jamais vraiment mélancolique ni effrayante, pas même sombre ou torturée, quelques éclats ci et là, plutôt une gravité maquillée de rires et de fantaisies: c'est une musique qui rit, qui m'éclabousse de ses notes comme des postillons, des éclats de rire musicaux pour certains extraits: elle est un peu l'antidote de mes penchants habituels, de ce goût immodéré pour tout ce qui évoque le drame, la mélancolie, la tragédie. Avec Peter Thomas, je rigole, je souris et je ris, je prend cent mille voltes dans les jambes et je danse, retrouve mon esprit d'enfant.

Onkel Toms Hütte:

La Case de l'oncle Tom ( titre allemand: Onkel Toms Hütte ) est un film allemand de 1965 réalisé par Géza von Radványi. Le film a été inscrit au 4e Festival international du film de Moscou. Il a été adapté du roman homonyme de Harriet Beecher Stowe. Au début du printemps 1977, le film fut réédité aux États-Unis sous une forme montée, avec de nouvelles scènes réalisées par Al Adamson. Dans la foulée du succès cette année-là de la mini-série Roots qui fut d'ailleurs mis en musique d'excellente façon par Quincy Jones , la campagne publicitaire pour la réédition vantait que le film avait "toutes les passions sensuelles et violentes que Roots/Racines, minisérie réalisée par Marvin J. Chomsky, John Erman, Gilbert Moses et David Greene, ne pouvait pas montrer à la télévision" et proposait "la Véritable histoire des esclaves."

Ce film de 1965 réunit à l'affiche Juliette Gréco, Herbert Lom, O. W. Fischer, Olive Moorefield, Eartha Kitt, Mylène Demongeot, Dorothy Ellison, Eleonora Rossi-Drago, Gertraud Mittermayr, Thomas Fritsch et John Kitzmiller.



Il en résulte un des trois plus beaux albums de Peter Thomas avec Chariots of The Gods et Jerry Cotton (double-cd), avec, entre autres, un très beau thème de circonstance, qui porte en lui toute la souffrance noire, Mississipi Blues, exposé dans différentes versions et avec différents solistes, vocaux; Eartha Kitt, George Goodman, puis instrumentaux; trombone, saxophone. L'album dépasse les 72 minutes de musique, avec une belle variété de thèmes, certains pouvant être graves, d'autres mélancoliques, d'autres encore plus légers. Il y a même une chanson en Français; "Tant pis, tant pis pour moi", interprétée par Juliette Gréco.

Un des albums les plus jubilatoires à mon oreille de Peter Thomas est peut-être Moonflowers & Mini-Skirts. J'y trouve toute sa personnalité musicale pleine de fougue et de fantaisie, savoureusement datée mais riche en audace, créativité et insolence, n'hésitant pas à agrémenter ses thèmes de sonorités futuristes, soit avec des instruments électroniques ou des instruments atypiques, peu usités dans le jazz. Il sollicite également les voix dans un dynamisme extrême. Dansant, obsessionnel, il me transporte dans un délire musical parfaitement maîtrisé et d'une humeur souvent joyeuse et communicative.



Plusieurs extraits sont tirés de la mini-série télévisée policière ouest-allemande 11 Uhr 20, en trois épisodes dont chacun est d'une durée de 60 minutes environ. Elle a été écrite par Herbert Reinecker, réalisée par Wolfgang Becker et produite par Helmut Ringelmann. Les épisodes ont été diffusés en couleur sur la chaîne ZDF en janvier 1970.

Synopsis: Un couple marié, les Wassem, passe des vacances en Turquie. Un jour, ils trouvent un homme mort dans leur voiture. Peu de temps après, Mme Wassem meurt dans un accident de voiture. Le veuf Thomas Wassem, soupçonné de meurtre par la police, se lance seul dans l'enquête. La quête l'emmène en Tunisie, pour trouver le véritable coupable.

The Big Boss with Bruce Lee:

The Big Boss est un film d'arts martiaux d'action de Hong Kong de 1971 produit par Raymond Chow et mettant en vedette Bruce Lee dans son premier grand film dans un rôle principal. Le film met également en vedette Maria Yi , James Tien , Tony Liu et Nora Miao . Initialement écrit pour James Tien, le rôle principal a été confié à Bruce Lee lorsque le réalisateur original du film, Ng Kar-seung, a été remplacé par Lo. Le film fut un succès critique et excella au box-office. La solide performance de Lee a éclipsé Tien, qui était déjà une star à Hong Kong. Grâce à ce film et sa prestation, Bruce Lee devint célèbre dans une grande partie de l'Asie et finalement dans le monde entier.



Des cinq films d'arts martiaux dont Bruce Lee tint le rôle principal, The Big Boss (1971) fut le premier et c'est justement celui-ci qui fut mis en musique par Peter Thomas, à savoir que la version mandarin fut mise en musique par Wang Fu-Ling et la version cantonaise par Joseph Koo. La Fureur de Vaincre (1972) l'a été par Joseph Koo, un compositeur canadien d'origine hongkongaise né le 25 février 1931 à Canton et mort le 3 janvier 2023 à Vancouver. Aucun compositeur ne fut crédité sur La Fureur du Dragon (1972) (avec Chuck Norris) qui, me semble-t-il, emploie de la musique préexistante dont un thème de western d'Ennio Morricone, je ne sais plus lequel... Opération Dragon (1973) fut mis en musique par Lalo Schifrin et Le Jeu de la Mort, dans sa version définitive de 1978, le fut par John Barry. La version incomplète de 1972 avait été mise en musique par Joseph Koo.

Pour ce genre de film particulièrement musclé et animé, voire déchaîné, je m'attendais à retrouver ce grain de folie qui caractérise si merveilleusement une compilation comme Moonflowers & Mini-skirts ou mieux encore; toutes ces musiques électrisantes qui enflamment la série policière Jerry Cotton. S"il a certes fait moins bien que Lalo Schifrin sur Opération Dragon, il n'en demeure pas moins une bonne partition qui s'articule autour d'un solide thème principal et dont le disque s'achève sur sa meilleure exposition. Je me permets une petite précision très personnelle: ce n'est pas du tout un genre de cinéma que j'affectionne, les musiques me suffisent amplement.

Jerry Cotton & Peter Thomas:

Jerry Cotton est le personnage principal d'une série de romans policiers de type pulp magazine. Les romans ont été écrits par de nombreux écrivains différents dans les pays germanophones et en Finlande au cours de plusieurs décennies. Les romans sont centrés sur les aventures de l'agent du FBI Jerry Cotton, qui se déroulent à New York et dans ses environs.

Dans les versions finlandaises de Jerry Cotton, il serait né et aurait grandi dans une ferme à Harpersville, Connecticut. Il y a aussi une référence à son père, forgeron de métier, et à Jerry lui-même en apprenti forgeron avant d'intégrer l'académie de police. Un groupe de plus de 100 auteurs écrivirent pour ces magazines, vendus dans de nombreux kiosques et marchands de journaux. Rolf Kalmuczak, qui est l'auteur majeur derrière ce nom, a rendu célèbre la série TKKG sous le nom de Stefan Wolf. (Wikipédia)

À partir des années 1960, une série de huit films basés sur les romans de Jerry Cotton ont été réalisés, les quatre premiers en noir et blanc, les quatre derniers en couleur. Le personnage de Jerry Cotton a été joué par l'acteur américain George Nader et son compagnon Phil Decker a été joué par l'acteur allemand Heinz Weiß. Le réalisateur des films était Harald Reinl. La musique des films a été composée par Peter Thomas, y compris la "Jerry Cotton March". Dans les années 1990, les bandes originales des films bénéficièrent d'une édition CD.



Selon moi, il existe trois incontournables parmi les albums consacrés à la musique de Peter Thomas, du moins pour celles et ceux qui, comme moi, vous un intérêt majeur pour la bande originale et qui apprécient le style de ce compositeur: Jerry Cotton, un double-album que je place en tête, tant il regorge de savoureuses trouvailles musicales - Peter Thomas semble y atteindre le sommet de son art -, Chariots of the Gods et la compilation Moonflowers & Mini-skirts. Je place l'album de sa plus célèbre musique, Raumpatrouille, juste après. Il me fut logique de terminer mon cycle allemand sur la musique légère par Jerry Cotton.