Le jazz et les variétés étant considérés par Staline comme "musiques dégénérées", il fut créé en 1934 un Orchestre national de jazz, qui en fait n'était autre qu'un orchestre de chambre traditionnel auquel furent ajouté des saxophones, cymbales et xylophone, banjo... Chostakovitch fut ainsi prié de composer des oeuvres afin d'élargir son répertoire.
L'écriture d'une suite dans la langue du jazz par Chostakovitch est liée à sa participation à une commission soviétique de jazz ayant pour but d'organiser un concours à Leningrad pour réhausser le niveau du jazz en URSS, musique populaire et de café, peu connue et présente en Russie soviétique des années 1930. Pour encourager d'autres compositeurs, Chostakovitch écrivit cette œuvre qui ne fut cependant pas son premier essai dans le domaine puisqu'il avait, sur un pari d'orchestration, déjà écrit Tahiti-Trot en 1928. La première fut donnée à Leningrad la même année lors du concours.
C'est ainsi que sont nées successivement 2 Suites :
Suite pour orchestre de jazz n° 1 (numérotée opus 38a) en 1934
Elle se compose de 3 mouvements : Valse - Polka - Foxtrot
Suite pour orchestre de jazz n° 2 (sans n° d'opus) en 1938
Cette seconde suite pour orchestre de jazz de Chostakovitch est une commande de l'Orchestre d'État pour le jazz et de son chef Victor Knouchevitski. La première fut donnée à Leningrad en 1938. La partition fut perdue durant la seconde guerre mondiale mais une réduction pour piano fut redécouverte par Manashir Yakubov en 1999. Trois mouvements de la suite furent reconstitués et orchestrés par Gerard McBurney. La création eut lieu en 2000 lors du concert promenade de Londres.
Jusqu'à récemment le titre Suite pour orchestre de jazz n° 2 était incorrectement attribué à la Suite pour orchestre de variété n° 1 en huit mouvements composée en 1956, où figure la valse qui servit de musique à une publicité et au film de Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut. Désormais la distinction entre les deux œuvres est bien établie.
Elle se compose elle aussi de 3 mouvements (et non 8 repris par erreur par Riccardo Chailly : voir ci dessous la Suite pour orchestre de variétés) :
Scherzo - Berceuse - Sérénade
Suite pour orchestre de variétés
La Suite pour orchestre de variété n° 1, opus 50b est une œuvre de musique classique pour orchestre du compositeur russe Dmitri Chostakovitch constituée de pièces pour orchestre et datée de 1956. C'est de cette suite qu'est extraite l'une des plus célèbres musiques du compositeur auprès du public : la Valse de Chostakovitch (Walz 2).
Historique
Chostakovitch avait initialement numéroté son œuvre sous le « n° 1 » mais aucun « n° 2 » n'existe. Toutefois le biographe de Chostakovitch a annoncé en 2000 la découverte d'une Suite pour orchestre de variété n° 2 en quatre mouvements.
Durant plusieurs années cette suite fut incorrectement identifiée à la Suite pour orchestre de jazz n° 2 de 1938, qui était une œuvre différente en trois mouvements, perdue pendant la seconde guerre mondiale et dont une réduction pour piano fut redécouverte en 1999 par Manashir Yakubov et orchestrée en 2000 par Gerard McBurney.
Marche
Valse lyrique
Danse n° 1
Danse n° 2
Petite polka
Valse n° 1
Valse n° 2
Finale
Son exécution dure environ 25 minutes.
La Valse n°2 est devenue l'une des plus célèbres œuvres du compositeur auprès du grand public, souvent appelée Valse de Chostakovitch et jouée isolément du reste de la suite.
Origine de l'œuvre
On pense que la Suite pour orchestre de variété doit avoir été assemblée par Chostakovitch après 1956, à cause de l'utilisation de matériaux provenant d'œuvres composés par Chostakovitch cette année pour le film Le premier échelon. En fait, la plus grande partie de la Suite est constituée de réutilisation d'œuvres diverses.
Les mouvements d'introduction et de conclusion (Marche et Finale) sont basés sur la "Marche" de l'Aventure de Korzinkina, Op. 59 (1940).
Le deuxième mouvement (Danse 1) est adapté de "la place du marché" (No.16) de la musique du film Le Taon, Op. 97 (1955).
Le troisième mouvement (Danse 2) reprend l' "Invitation à un Rendez-vous" (No.20), de Le Ruisseau limpide, Op. 39 (1934-35) [(qui lui-même était repris du "Mime et danse du pope" (No.19) de le Boulon, Op.27 (1930-31)].
Le septième mouvement (Valse n° 2) est adaptée de la Valse de la Suite de musique de film Pervyi Eskhelon (Premier détachement), Op. 99a (1956).
La suite fut créée le 1er décembre 1988 au Barbican Centre de Londres, dirigée par Mstislav Rostropovich sous le titre Suite pour orchestre de jazz n°2 (Suite for Jazz Orchestra no.2).
L'œuvre est enregistrée par Riccardo Chailly dirigeant l' Orchestre royal du Concertgebouw en 1991 (aussi sous le titre erroné de suite de jazz n°2) et distribué en disque sous le titre Shostakovich: The Jazz Album (Decca 33702). Les mouvements de cet enregistrement sont ordonné ainsi 1, 5, 2, 6, 4, 7, 3, 8. L'enregistrement par Chailly de la valse n°2 est utilisé comme bande originale pour le film de Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut comme thème d'ouverture et de générique de fin. La valse est aussi utilisée comme publicité pour une compagnie d'assurance.