Martin BÖTTCHER (1927-2019)

Après un cycle en hommage aux compositeurs classiques et contemporains français, j'avais envie de m'offrir l'écoute de musiques légères. Ce sont sur de tendres ballades romantiques que Martin Böttcher composa pour la série télévisée allemande Winnetou, sorte de western avec un héros indien, que je me suis laissé porter. J'étais sur mon cheval imaginaire, traversant des vallées et des prairies magnifiques...Dans cette musique d'une simplicité et fluidité désarmantes dans laquelle peut parfois intervenir l'harmonica, le cor anglais ou la flûte de pan, la ballade est ponctuellement interrompue par des moments de tension ou d'action un peu patauds et englués dans une orchestration plutôt terne et peu inventive. Nous n'avons pas affaire ici au compositeur le plus virtuose ni le plus génial du Septième Art...Peter Thomas qui sévissait sur le même type de cinéma m'a toujours davantage passionné...mais peu importe, le charme opère malgré tout, même si Winnetou est un héros sympathique du petit écran complètement oublié aujourd'hui. Il me reste les ballades romantiques, peut-être un brin "guimauve" et pourtant si envoûtantes:

Version non originale:



Version disque:



Le problème lorsque j'écoute ce type de mélodie, c'est qu'elle me reste dans la tête longtemps, le temps qu'une autre, aussi entêtante, ne vienne la chasser. Je la siffle alors au dans le métro, en faisant du vélo chez moi, sous ma douche, au boulot:

Que siffles-tu l'ami?
Winnetou!  
Winne quoi?
Winnetou, un héros indien qui matait les méchants sur les petits écrans allemands!
Connais pas!  
Laisse tomber!

Eléments biographiques:

Martin Hermann Böttcher est né le 17 Juin 1927 à Berlin , en Allemagne, ayant aussi utilisé au cours de sa carrière deux pseudonymes: Michael Thomas et Renardo. Il s'est imposé en tant que compositeur de musique de film, chef d'orchestre et arrangeur. Martin Böttcher est un arrière petit-fils d'un "Weimar Kapellmeister" de la cour et a reçu dès son plus jeune âge des leçons de piano ainsi que certains enseignements musicaux. Malgré cette entrée précoce dans le domaine de la musique, il voulait avant tout devenir pilote. Âgé de 17 ans il approche la guerre par le biais de l'Armée de l'air. Il sera fait prisonnier. Pendant sa captivité, il apprend en autodidacte à jouer de la guitare. En raison d'un accident avec fracture du crâne et une forte contusion du nerf auditif, Martin Böttcher perd son oreille gauche.

Après sa libération, il trouve sa voie à Hambourg . Là, Martin Boettcher joue de la guitare avec Alfred Hause et Franz Thon dans de Willi Steiner's big band. Son genre musical préféré était de toute évidence le Jazz où il réussit à se faire une solide réputation en tant que guitariste. Déjà à cette époque, il a acquis une expérience comme arrangeur pour les compositeurs de films tels que Michael Jary ou Hans-Martin Majewski , il arrangea les parties de la musique pour le film "Love 47".

Vers 1955, le producteur Artur Brauner fait débuter Martin Böttcher sur "Le capitaine et son héros", film pour lequel il composa une musique militaire satirique . Il écrivit ensuite pour un fleuron du cinéma allemand de l'après-guerre: " Les voyous "(1956) de Georg Tressler , avec Horst Buchholz . Il créa alors sa propre formation instrumentale intitulée "la bande de Monsieur Martin" incluant des musiciens comme le clarinettiste Fatty George , le vibraphoniste Bill Grah , le tromboniste Ernst Mosch et avec la participation du bassiste James Last. Martin Böttcher compose aussi de la musique pour le film tv Winnetous Rückkehr, pour la série Edgar Wallace....

Oui, ce n'est pas ce topic qui va nous rajeunir.    Le plus marrant c'est que je n'ai jamais eu l'occasion de voir ces "Winnetou", quant à la musique qui s'y rapporte, je l'avais découverte au hasard de mes recherches en matière de B.O. allemandes. Enfant, les seules séries "western" dont je me rappelle, sont "Hondo" et "Au nom de la loi", peut-être parce qu'elles étaient plus diffusées.

Bah si, je suis né le 28 décembre 1963.   

Martin Böttcher, au même titre que son compatriote Peter Thomas, a composé de la musique pour toute une série de films noirs. La bonne idée fut d'en avoir tiré des albums  sous le titre Kriminal Filmmusik. Il s'agit de compilations regroupant une pléiade de thèmes musicaux composés pour tous ces films. De Martin Böttcher, je ne détiens, hélas, que le volume 2. Moins intéressant que celui que je possède de Peter Thomas, il contient néanmoins suffisamment de morceaux sympathiques pour m'avoir fait passer un bon moment. Les "main titles" sont souvent ce qu'il y a de mieux mais pas seulement. Dans un style très jazz et mélodique, il y a ces morceaux un peu sombres qui ont une allure de série noire, puis il y en a de plus légers, de plus insouciants...Je pense au délicieux générique de "Mörderspiel, film réalisé en 1961 par Helmut Ashley avec Magali Noël parmi les rôles principaux. Le thème révèle une très belle mélodie dans une légèreté qui évoque l'insouciance , une humeur renforcée par l'usage de voix humaines. Une belle mélodie, plus mélancolique, apparaît au générique de "Waterzimmer zum Jenseits", un film réalisé en 1964 par Alfred Vohrer avec, entre autres, Klaus Kinski. La version rapide est encore meilleure. Une plus belle mélodie est peut-être celle qui émerge de "Das Geheimnis der Schwarzen Witwe", un film réalisé en 1963 (une gande année   ) par Franz-Josef Gottlieb, avec, là aussi, Klaus Kinski (dans le rôle d'un tueur?). J'aime beaucoup cette mélodie. Sinon, on peut préférer un jazz plus mordant et sombre comme celui qui illumine le "main title" du programme tv "Das Kriminalmuseum" (1963-1969). Après, il y a d'autres extraits plus secondaires, voire anecdotiques, mais qui restent agréables à écouter.    

Comme vous voyez, j'aime bien de temps en temps m'échapper de l'emprise de la musique classique, absolue...dite savante...pour le monde tout aussi magique (selon moi) de la musique appliquée, de celle que l'on dit soumise à l'image et qui peut parfois se révéler plus rebelle qu'on l'imagine. Chose étonnante! Ces musiques de Martin Böttcher, et plus encore celles de Peter Thomas, me rendent nostalgique d'un cinéma que je n'ai même pas connu. Un comble!!  

Moi je me souviens bien de ces western allemands mais ils ne m'ont jamais passionné. Je ne sais pas pourquoi.

Mon héros c'était Rintintin...

Oui, Rintintin aussi, beau souvenir ! et puis Lassie également et plus tard, pour rester sur le thème canin " Belle et Sébastien " qui retrouve une nouvelle jeunesse aujourd'hui, mes petits-enfants en redemandent avec la belle chanson "l' oiseau" de Cécile Aubry :-) Mais pour la musique de Rintintin et Lassie , je ne m'en souviens plus :-(

oh, et bien moi non plus. Y a juste le marchand de sable......

laudec a écrit:

Oui, Rintintin aussi, beau souvenir  ! et puis Lassie également et plus tard, pour rester sur le thème canin " Belle et Sébastien " qui retrouve une nouvelle jeunesse aujourd'hui, mes petits-enfants en redemandent avec  la belle chanson "l' oiseau" de Cécile Aubry :-)  Mais pour la musique de Rintintin et Lassie , je ne m'en souviens plus  :-(

Je ne m'en souviens pas non plus. Les musiques ne m'avaient pas spécialement marqué et je garde un très vague souvenir de ces séries. Je me souviens mieux de Flipper le dauphin.  

shanessean a écrit:

Moi je me souviens bien de ces western allemands mais ils ne m'ont jamais passionné. Je ne sais pas pourquoi.

Mon héros c'était Rintintin...

Je n'ai vu aucun Winnetou, en réalité, ni lorsque j'étais enfant ni plus tard. De plus, ce n'est pas un genre de cinéma qui m'intéresse beaucoup. En revanche, j'aimerais bien voir certains films noirs allemands évoqués dans mon avant-dernier commentaire.  

Enfant, mon héros était Michel Strogoff.

Réécoute aujourd'hui des musiques très tranquilles - histoire de changer des fougues corrosives morriconiennes sur les westerns italiens - du compositeur allemand Martin Böttcher. La plupart des films inspirés par Winnetou ont été mis en musique par ses soins:



__Le Trésor du lac d'argent (Der Schatz im Silbersee), un film franco-yougoslavo-allemand réalisé par Harald Reinl, sorti en 1962. Il s'agit de la première adaptation d'une œuvre de Karl May.
__La Révolte des Indiens Apaches, un film franco-yougo-allemand réalisé par Harald Reinl, sorti en 1963.
__Le Trésor des montagnes bleues, un film franco-italo-yougo-allemand de Harald Reinl sorti en 1964.
__Parmi les vautours (Unter Geiern), un film franco-italo-yougo-allemand d'Alfred Vohrer sorti en 1964, d'après l'œuvre de Karl May.
__L'Appât de l'or noir (Der Ölprinz),un film yougo-allemand réalisé par Harald Philipp, sorti en 1965
__Old Surehand/Massacre à la Frontière, un film yougo-ouest-allemand réalisé par Alfred Vohrer, sorti en 1965.
__Sur la piste des desperados alias Winnetou III, un film italo-yougo-allemand réalisé par Harald Reinl, sorti en 1965. Suivant l'œuvre de Karl May, le film fait suite à La Révolte des Indiens Apaches et Le Trésor des montagnes bleues.
__Le Jour le plus long de Kansas City (Winnetou und das Halbblut Apanatschi), un film italo-yougo-allemand réalisé par Harald Philipp, sorti en 1966.
__Le Trésor de la vallée de la mort (Winnetou und Shatterhand im Tal der Toten), un film italo-yougo-allemand réalisé par Harald Reinl, sorti en 1968.
Seuls deux autres films ne lui sont pas attribués: Les Cavaliers rouges (1964) de Hugo Fregonese, mis en musique par Riz Ortolani et Tonnerre sur la Frontière (1966) d'Alfred Vohrer, mis en musique par un autre compositeur allemand que je préfère nettement à Martin Böttcher, Peter Thomas. Il existe un album "Winnetou" de ce dernier mais je n'ai pas encore mis la main dessus. Je me contente des ballades clopin-clopan de Böttcher qui ont leur charme.

En plein dans mon cycle de musiques légères de compositeurs allemands, il était évident que j'allais revenir sur Martin Böttcher, un contemporain de Peter Thomas. L'album que j'ai réécouté est une compilation intitulée Kriminal Filmmusik, vol 2. Elle regroupe des thèmes musicaux composés pour des films noirs. Je n'ai jamais pu mettre la main sur le premier volume. C'est un peu dommage car c'est un compositeur qui compose de la musique légère que j'apprécie et, cette fois-ci, j'ai même préféré cette compilation à celle éponyme de Peter Thomas. Question d'humeur? Il est probable que mon humeur actuelle ait favorisé l'approche de Böttcher - une fois n'est pas coutume! - car la musique de Thomas est souvent plus fofolle, légèrement excentrique sur les bords alors que celle de son confrère et compatriote est souvent plus sage et conventionnelle, mais néanmoins porteuse d'un charme et d'un sens mélodique qui la rend attachante. Il a mis en musique un film du cinéaste français Michel Deville intitulé Tendres Requins, film que je n'ai jamais vu mais dans lequel jouent deux acteurs que j'aime beaucoup; Anna Karina et Mario Adorf (1967).

Winnetou, version concert:

Einsam:



Malheureusement, il me fut toujours plus difficile de tomber, même en cherchant bien, sur un album de Martin Böttcher que sur un album de Peter Thomas, bien que ce dernier m'ait révélé une personnalité musicale qui m'exalte davantage. Néanmoins, il y a un côté paisible et rêveur dans la musique de Böttcher qui n'a jamais été pour me déplaire. J'ai une nouvelle fois réécouté mes deux uniques albums du compositeur allemand, dont une série de thèmes composés pour les films de la série Winnetou. Martin Böttcher obtient ses plus grands succès au cours des années 1960. Il compose ainsi la musique de dix films inspirés de romans de Karl May, écrivain né à Hohenstein-Ernstthal le 25 février 1842 et mort à Radebeul le 30 mars 1912. Il fut l'un des écrivains allemands les plus vendus au monde, notamment pour ses romans d'aventures au Far West dont les deux héros sont le Blanc Old Shatterhand et l'Apache Winnetou.