Discussions autour de la variété française

un peu dans le même genre, j'aimais aussi beaucoup Henri Tachan et je découvre ce matin cette chanson de lui que je ne connaissais pas (spécialement écrite pour notre forum!...peut être ):


https://www.youtube.com/watch?v=XHzkYWbjSfA

En effet ! Très belles chansons de Chelon et Tachan !

Celle de Chelon est très émouvante, parce que si vraie... J'ai indirectement vécu cette situation par ma sœur qui a été abandonnée par son mari. Son fils, mon neveu, avait dix ans. A tente-huit ans aujourd'hui, il n'a toujours pas récupéré du choc... Quelle tristesse ! Et quelle époque, aussi, on parle aujourd'hui des familles décomposées et recomposées comme si c'était naturel, comme si les enfants n'existaient pas...  

Je ne connaissais pas du tout Tachan. Je vais réparer ce manque sur l'heure ! Merci, Jean !  

Anouchka a écrit:

[...] les poèmes peuvent être parfois, souvent, soutenus et magnifiés par la musique qui peut exalter encore plus la beauté des mots qu'une lecture ou une diction... (clin d'oeil )..

Ce n'est pas ma perception des choses, en tant que poète. La musique n'est pas le même médium que la poésie, chacune a ses propres vertus. Et il est clair, il est même évident, qu'une fois un texte mis en musique, c'est l'aspect musique qui l'emporte, et de loin. C'est d'ailleurs pour cela que l'on fredonne sans les paroles.

Les merveilleuses mélodies de Fauré, Duparc, et autres, se suffisent à elles-mêmes, et les paroles n'ont que peu d'importance. La plupart du temps, d'ailleurs, quand on enlève la musique, les paroles apparaissent dans leur nudité bien souvent cruelle. Il en est de même dans les opéras, où les livrets, sauf exception, n'ont pas beaucoup de consistance, sinon l'intrigue.

Anouchka a écrit:

Pensons aux Lieder de Schubert, à Fauré.., par exemple, ou à Aragon avec Jean Ferrat, etc...
Mon ami Jean avec lequel je travaille, me disait jeudi que Schubert avait fait "émerger" des poètes complètement inconnus -dont l'un fut colocataire avec lui, d'ailleurs-, en les sublimant par ses admirables compositions !

Ce n'est pas ma perception des choses, en tant que poète. La musique n'est pas le même médium que la poésie, chacune a ses propres caractéristiques. Et il est clair, il est même évident, qu'une fois qu'un texte est mis en musique, c'est l'aspect musique qui l'emporte, et de loin. C'est d'ailleurs pour cela que l'on fredonne, sans les paroles.

Pour Schubert, je ne peux rien dire, n'étant pas germanophone, ou si peu. Mais pour les musiciens français comme Fauré, par exemple, quel massacre lorsque le poème est beau. Pauvre Verlaine, par exemple, dont la poésie est absorbée, digérée et complètement transformée, quelle que soit par ailleurs la beauté de la musique de Fauré.



Ne te méprends pas : je ne veux pas dire que la mise en musique de la poésie est une mauvaise chose, loin de là. On peut apprécier, aimer, adorer, même. Mais en général, c'est parce que l'on aime davantage la musique que la poésie. Dans l'exemple ci-dessus, la musique naturelle des vers de Verlaine disparaît sous la musique, elle est complèteent digérée, et c'est une œuvre différente qui apparaît. Personnellement, en tant que poète, cela ne m'intéresse pas. Le chant qui m'intéresse, c'est celui de ma poésie, pas celui du compositeur, si merveilleux soit-il.

Il ne fait aucun doute que les poèmes médiocres, voire pire, seront littéralement sauvés par une belle musique. Mais lorsque la poésie se suffit à elle même, la musique n'est pas nécessaire. Par exemple, j'adore les poèmes de Hugo mis en musique par Brassens. Mais ça reste du Brassens, du Hugo à la manière de Brassens, avec la vision de Brassens, etc. C'est très, très très bien, mais, au fond, je préfère Hugo tout seul !

La poésie a le droit de vivre sa vie tout seule, comme une grande ! Quand elle est bonne, elle a sa propre musique. Ça lui suffit.

Henri Tachan, je l'ai connu par cette chanson, qui là aussi, s'inscrit parfaitement dans notre forum.




Vous aurez bien sûr reconnu Schubert.
https://www.youtube.com/watch?v=4PEgahaYPtg

Dans la même veine, on trouve sur YouTube d'innombrables versions chorales et autres sur le thème de la tendresse,   cette manifestation quotidienne de l'amour, qui, si on lui permettait simplement de s'exprimer dans nos médias à la mesure de son importance réelle pour l'humanité, occuperait la plus grande partie de la journée, et remettrait à sa juste place la haine et ses expressions diverses et variées.

Alors, sur ce thème qui nous ressemble tous,   trois merveilleux échantillons (parmi tant d'autres, il y en a trop pour que tout le monde soit cité.)

Jacques Brel, dans sa version éternelle :

https://www.youtube.com/watch?v=FLSunaQI-O4

Et aussi Mauranne, toujours si émouvante :
https://www.youtube.com/watch?v=f_R34WoiB4Y&list=PLi7qkV2Srnj-3AQLv6zysh11ZNb8Vy1qL

Et que dire de Daniel Guichard, le dur qui nous prend aux tripes :
https://www.youtube.com/watch?v=Oo_U0HYi2jo

C'est étrange, tout ça me met la larme à l'œil,    ça n'a rien de triste, pourtant !  

Pour revenir à la question de la poésie mise en musique, voici un autre exemple. C'est encore du Verlaine, cette fois mis en musique par Debussy.

Comme je ne trouve pas ce poème extraordinaire, je peux considérer que la musique, en effet, lui rend service... sauf que, dans ce cas, elle joue un peu le rôle de cache-misère. Verlaine, heureusement pour lui, a fait infiniment mieux ! Mais dans ce cas, quand la poésie est faible, elle importe peu : seule compte la musique !

Verlaine

La mer est plus belle

La mer est plus belle
Que les cathédrales,
Nourrice fidèle,
Berceuse de râles,
La mer sur qui prie
La Vierge Marie !

Elle a tous les dons
Terribles et doux.
J'entends ses pardons
Gronder ses courroux.
Cette immensité
N'a rien d'entêté.

Oh ! si patiente,
Même quand méchante !
Un souffle ami hante
La vague, et nous chante :
" Vous sans espérance,
Mourez sans souffrance ! "

Et puis sous les cieux
Qui s'y rient plus clairs,
Elle a des airs bleus,
Roses, gris et verts...
Plus belle que tous,
Meilleure que nous !

https://www.youtube.com/watch?v=RoY2tFB2eXU

(J'aime beaucoup ton nouvel avatar, Kristian, évidemment c'est toi !    Le précédent -une bougie , un symbole ?-, était un peu austère humble avis).

Voilà un fil bien sympa aujourd'hui, je n'ai pas eu le temps de tout écouter, comme d'hab je reviendrai vous un peu plus tard , afin de partager une soirée télé..
Oh oui, Henri Tachan, j'ai connu un peu par hasard, dans les années 85, par des amis, dans des karaokés, et puis on m'a prêté des cassettes. Superbe !
J'envoie cela, parce que je me sens, pour différentes raisons, emplie de nostalgie, de tendresse .... J'ai chanté cette très belle chanson en chorale, avec piano et flûte :

https://youtu.be/wELPDlwxT50

Je suis complètement d'accord avec toi !  
Et pas compètement avec l'avis de Kristian, en toute amitié,et  il connait déjà ce que j'en pense depuis un petit moment !  
Peu importe, chacun est libre de ses choix, et de ses avis..., que l'on soit poète ou pas... ! C'est très personnel, ce choix que font les poètes, et notre choix de lecteurs-auditeurs..., à notre tour..
Ce sont nos coups de coeur, pas forcément ceux de nos amis...
Quand je lis Leo Ferré, sans musique, je l'adore (et mon petit ami d'alors me l'a fait découvrir uniquement par ses textes), quand je l'entends, j'aime autant mais pas plus... Et de lui, pour parler de lui spécifiquement -c'est un exemple-, je retiens plus ses mots que ses chansons.. (Je l'ai vu en concert en plus il y a très longtemps -j'avais 19 ans-, et j'étais imprégnée de ses poèmes.., dans une jolie petite salle de concert des Sables d'Olonne, avec mon ami = Je n'ai pas été éblouie , et en sortant, j'avoue que j'ai dit "bon, c'était bien, mais sa musique, on peut s'en passer !")-. Pour d'autres poètes, je retiendrai plus la musique que les mots, pour d'autres poètes encore, je n'aimerais pas le texte seul ; pour d'autres enfin, j'aimerais qu'il n'y ait pas de musique !!
Tout dépend, pour moi il n'y a pas de débat, je trouve que nous sommes bien d'accord si je lis le fil d'aujourd'hui ! ....

https://youtu.be/aDHu3r2VLv0

--------------------------------------------------
La marée, je l'ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur
De mon enfant et de mon cygne
Un bateau ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années-lumière et j'en laisse
Je suis le fantôme Jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baisers
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre

Rappelle-toi le chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument
Ô l'ange des plaisirs perdus
Ô rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ô parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais géométrisant
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus
Et toi fille verte, mon spleen

Les coquillages figurants
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu'on dirait l'Espagne livide
Dieu des granits ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue
Sur cette mer jamais étale
D'où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du flafla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue aux musiques mortes
C'est fini la mer c'est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d'infini
Quand la mer bergère m'appelle

Léo Ferré, La mémoire et la mer.

Merci à vous tous pour vos envois de ce jour ( ).
J'avoue que j'ai adoré la chanson d'Henri Tachan sur "Mozart, Beethoven , Schubert et Rossini...", ça nous correspond bien , oui Jean !!
Et la parole vers la fin genre "on ne voit pas pourquoi ça serait réservé à l'élite"... !

Anouchka a écrit:

[...] j'ai dit "bon, c'était bien, mais sa musique, on peut s'en passer !")-. Pour d'autres poètes, je retiendrai plus la musique que les mots, pour d'autres poètes encore, je n'aimerais pas le texte seul ; pour d'autres enfin, j'aimerais qu'il n'y ait pas de musique !!
Tout dépend, pour moi il n'y a pas de débat, je trouve que nous sommes bien d'accord si je lis le fil d'aujourd'hui ! ....

Oui, aucun doute, tout dépend du type de mariage entre mots et musique.

Pour une chanson, sauf cas exceptionnel, les paroles et la musique sont indissolublement liés.

Sinon, le mariage non naturel (ajout après coup d'un côté ou de l'autre) provoque fatalement une déséquilibre, une assymétrie. Donc, tout dépend de ce que veut l'auteur.

Je connais ton goût depuis le début, Anouchka : ta tendance est de rechercher l'art total. Quand tu as lu mon premier poème, ta deuxième réaction, après ton appréciation première, a été de me demander si je n'envisageais pas une mise en musique, ce qui m'a beaucoup surpris. La musique des mots me suffit. Mon poème est sa propre satisfaction – qui ne correspond pas forcément à la satisfaction du lecteur !!!      

Les sons des mots sont faits pour être produits par la voix ordinaire. Déjà dans la chanson, la voix est transformée, mais en musique classique, la voix ne produit plus les mêmes sons que la voix parlée. L'intensité, la hauteur, le timbre, l'accompagnement, font que le son est complètement transformé. La musique des mots est donc fatalement perdue, et la musique lui est substituée. Le résultat peut-être plus ou moins intéressant selon le cas, mais, quand il s'agit d'un ajout de musique sur un texte à l'origine non destiné à cela, cela peut n'avoir plus grand-chose à voir avec l'inspiration de départ.

L'auteur étant appelé à disparaître tôt ou tard, il a bien droit à son petit espace de liberté, non ? Libre à lui, au moins tant qu'il est vivant, de décider.

Il ne faudrait aussi pas perdre de vue que, malgré nos similitudes de gouts , d'intérêts pour ceci ou cela...nous restons toujours tous différents… et ressentons tout et tous différemment , même si c'est pour s'extasier parfois ou au contraire s'offusquer, d'un commun accord...Dans ce domaine il n'y a pas UNE vérité mais chacun la sienne...et encore on en a souvent plusieurs , qui peuvent en plus évoluer au cours de notre vie!

L'écoute, par exemple, de la célèbre "Tribune des critiques de disque" sur France-Musique en est une démonstration constante...et parfois très amusante sur les points de vue péremptoires

Tout à fait d'accord.

J'ai insisté un peu sur la défense de l'auteur qui est souvent quelque peu malmené. C'est quand même lui le premier concerné.  

Une fois qu'il a disparu, bof...

Oui, qu'est-ce qu'on attend ?

Mais non, tout va très bien !!!

Ma grand-mère me chantait cela quand j'étais tout petit. Je trouve aujourd'hui que cette chanson n'a pas pris une ride. Pourquoi n'y a-t-il pas une soirée par semaine ou par mois sur l'une des chaînes nationales où l'on reprendrait ces chefs d'œuvre d'autrefois ? Pourquoi ne pas garder vivant ce qui a de la valeur ?

ah le grand succès de Paul Misraki , pour les paroles et la musique. Je ne pense pas qu'il chantait...il laissait cette partie à Ray Ventura et ses musiciens…

Misraki qui s'est aussi beaucoup intéressé , après avoir été athée ou agnostique, à l'au de là, "la Vie après la vie" (il a écrit plusieurs bouquins là dessus)

Jean a écrit:

ah le grand succès de Paul Misraki , pour les paroles et la musique. Je ne pense pas qu'il chantait...il laissait cette partie à Ray Ventura et ses musiciens…

Misraki qui s'est aussi beaucoup intéressé ,   après avoir été athée ou agnostique, à l'au de là, "la Vie après la vie"  (il a écrit plusieurs bouquins là dessus)

Homme très sympathique aussi que j'ai rencontré une fois à un forum autour de la musique de film. Il a d'ailleurs composé de belles choses dans ce domaine.

Nostalgie pour "Tout va très bien, Madame la Marquise..", on devait le chanter en concert au mois de juin (en plus des chants sur le printemps et sur la mer..)..
Je le connais par coeur, déjà chanté avec une précédente chorale, et "mimé" de façon marrante à quatre pupitres, c'est vraiment sympa..

Les Cons finis



https://youtu.be/mbQgYwK-zEE

Le chanteur et compositeur Christophe est mort le 16 avril 2020 âgé de 74 ans, une victime, lui aussi du covid-19.

J''étais loin et même très loin d'être un fan de Christophe, ses seules chansons qui me plaisaient sont celles des années 1960, notamment Aline (1965) et les Marionnettes (1966), sans doute parce qu'elles me rappellent ma jeunesse, alors que j'effectuais mon service militaire (1965-1966). Plus tard, avec son évolution musicale et son apparence physique, il a cessé de me plaire.

Néanmoins, il mérite un petit hommage de ma part, à cause de mes souvenirs


Aline



https://www.youtube.com/watch?v=-E_Hyn53acA


Les Marionnettes

https://www.youtube.com/watch?v=ePWaxl1II8s


Les Marionnettes en 2010


https://www.youtube.com/watch?v=ldf8YfF2Fx8

On le reconnait à peine...

Moi je l'ai très très peu connu, j'ai dû danser quelques slows sur Aline, et puis voilà...
Mais hommage à lui et son travail de chanteur, jusqu'au bout, dans son studio personnel...
En fait il avait une maladie pulmonaire grave (un cancer du poumon peut-être), et le Covid19 a tout accéléré...

A propos de variété française, je n'écoute plus rien en ce moment, seulement Brassens, poète intemporel, un peu Brel (mais souvent trop anxiogène par les temps qui courent..), Barbara...

Anouchka a écrit:

A propos de variété française, je n'écoute plus rien en ce moment, seulement Brassens, poète intemporel, un peu Brel (mais souvent trop anxiogène par les temps qui courent..), Barbara...

Idéal si tu es dépressive!